Territoires à Panic! Cinéma
Ce samedi à Panic! Cinéma, rendez-vous en territoire (in)connus avec le premier film d'Olivier Abbou, Territoires.
Après Frontière(s) et Martyrs, voilà donc un troisième film d'horreur français qui aime les titres en un seul mot au pluriel. Pour ce premier film, Abbou, en homme visiblement prudent, a décidé de ne pas faire de vagues et de nous ressortir une vieille recette qui a fait ses preuves : une bande de jeunes passent la frontière, et ils sont contrôlés par des flics psychopathes qui les capturent et les torturent. Voilà pour l'horreur. Ensuite, pour avoir l'air intelligent et déguiser ses plans dégueulasses en manifeste politique, il ne reste plus qu'à caster des arabes dans le rôle des victimes, à situer l'action à la frontière des Etats-Unis, à raser le crâne des tortionnaires pour qu'on voit la peau (skin...) de leur tête (...head) et à faire sortir de nulle part des combinaisons oranges rappelant celles de Guantanamo. Car, voyez-vous, les tortionnaires sont en fait des patriotes persuadés que les jeunes qu'ils ont arrêtés sont des terroristes, et ils utiliseront tous les moyens en leur possession pour les faire avouer.
Après, évidemment, si vous pensez que Romero devrait se présenter aux élections américaines et que le cinéma d'horreur n'a le droit d'exister que s'il est là pour dénoncer tous les maux du monde et nous rappeler que le nazisme et la torture sont des choses néfastes à éradiquer à grand coup d'images choc, alors oui, sans aucun doute, vous pouvez courir aller voir Territoires. Dans le cas contraire, vous pourrez toujours vous mettre sous la dent la belle réalisation d'Abbou, qui semble promis à faire son trou dans le genre et la profession au moins pour son savoir-faire, mais aussi et surtout l'inventivité narrative du film, qui prend le parti de raconter son histoire successivement à partir de 3 points de vue différents : celui des victimes, celui des bourreaux, et celui d'un inspecteur qui enquête sur la disparition des jeunes gens. A n'en pas douter, cette pointe d'originalité comblera ceux qui se plaindront du propos de fond un peu facile, d'autant que les personnages sont plus fouillés et plus approfondis que ceux qu'on voit habituellement évoluer dans le genre. Une première tentative encourageante, donc.
En guise d'avant-goût, voici la bande-annonce :
Pour les détails, vous connaissez la chanson : Nouveau Latina, 22h, bière.
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Image : © SND
