[VIDEO] Les fans de Selena Gomez face à Spring Breakers
La sortie de Spring Breakers, le nouveau film d'Harmony Korine aurait pu être tout à fait anecdotique et ne concerner que quelques cinéphiles adeptes de ce cinéaste en marge. Mais le casting composé d'égéries Disney a attiré en salle un public a priori assez inadapté. De très jeunes ados, fans de Selena Gomez, se sont en effet rués en salles dès l'avant-première parisienne. Nous les avons rencontrés.
Il est très rare qu'un film rencontre un public aussi inadéquat. En mai dernier, les distributeurs de Cosmopolis avaient pu espérer qu'avec Robert Pattinson dans le rôle titre, quelques ados désorientés se pressent en salles pour retrouver leur idole, mais la fable austère de Cronenberg sur la fin du capitalisme n'avait pas attiré les foules. Il y a quelques années l'incroyable Steak de Quentin Dupieux avait pu, par une promo assez mensongère, attirer quelques fans du duo Eric & Ramzy, mais le film était extrêmement décevant pour un tel public. Résultat : un bouche à oreille désastreux et un film qui passe complètement à côté de sa réelle cible.
Slate.fr le dit tout net : « Spring Breakers n'est pas un film pour préados. ». Pourtant, le cas de ce film est assez particulier. Car s'il est clair que la « narration liquide » de Korine et les doses excessives de drogue, de sexe et de violence risquent de déconcerter les ados de 12-13 ans qui s'y aventureront, ces jeunes filles peuvent aussi se révéler étonnamment sensibles au sujet et à la mise en scène. Notre reportage vidéo révèle ainsi la manière dont ces jeunes filles et garçons habitués à l'univers Disney, ont abordé ce film déroutant.
Des bikinis et des corps en effusion, des rails de coke sniffés sur des bouts de chair, des guns, une pluie de dollars et de la musique hardcore : le cocktail molotov ne semble pas à mettre dans des mains trop innocentes... Mais l'innocence, la candeur et la sincérité sont pourtant des thématiques essentielles d'un film qui refuse tout cynisme.
Déjà dans le passé, Korine s'était fait le spécialiste de l'ambiguité sidérante de l'Amérique White Trash. Des chats qu'on découpe à la feuille de boucher dans Gummo aux culbutages de poubelle dans Trash Humpers, la Harmony Korine's touch malsaine et déglinguée est loin d'être une parade idyllique dans le monde de Oui-Oui, mais son regard, lui, n'est jamais dépourvu de poésie. En quelques longs-métrages, le metteur en scène américain s'est fait le spécialiste de l'adolescence trash et en perdition, lui qui bricolait à seulement 19 ans le scénario dément du sulfureux Kids de Larry Clark.
Spring Breakers aurait pu se limiter, donc, à un débat cinéphile entre révolution pop et apologie du vide, mais la présence au casting de Selena Gomez a fait entrer dans la ronde des regards tout autres.
C'est pourquoi nous sommes allés à la rencontre de ceux qui se nomment eux-même les Selenators. Leur supposée innocence et la passion pour la jeune actrice qu'ils adulent ont ils fait d'eux les victimes d'un traquenard ou les meilleurs complices d'une oeuvre audacieuse ? A ce sujet, Korine déclarait dans les Cahiers du cinéma (mars 2013 n°687) : « Quelque part, ce film je l'ai fait pour leurs fans. Je veux pénétrer l'esprit des jeunes. Je veux qu'ils fassent l'expérience de ce film. ».
Remerciements : Pour leur disponibilité et leur passion à Rosalie et Emilie (~ Selena Gomez Forever ~), Maëva (à suivre sur twitter), Dan (Disney Center) et surtout à Benjamin (Selena Gomez Center) pour son aide et ses conseils...
Toute la BO de Spring Breakers
Le film à la Mostra de Venise (vidéo de la conférence de presse)
Photo : Benjamin de Selena Gomez Center.
Brûlons les idoles.
Sinon, excellent reportage, bravo. C'est en allant voir des films qui ne sont pas pour notre âge qu'on devient cinéphile.
Et belle intelligence cinéphilique des personnes interviewées ... la "petite version" du duo "Rosalie et Emilie" est particulièrement pertinente !
Barvo !
Par contre les autres gamins me font peur... leurs références ciné en plus du fait qu'il y ait de gros nounours fans de Séléna: ça fait un peu ecchi.
Le film en lui même est tout simplement merdique: un bonbon fluo rassi.