Tout savoir sur... Omar m'a tuer, de Roschdy Zem
Chaque semaine, on se penche pour vous sur le film qui fait l'événement. Comment est monté le buzz ? Pourquoi le film est-il incontournable ? Que faut-il savoir pour briller dans la file d'attente ? On vous dit tout sans trop en dévoiler dans notre rubrique « garanti sans spoilers » !
Ce qu'il faut savoir
L'histoire passionna les médias français au début des années 90 : une riche veuve est retrouvée morte, sauvagement assassinée, dans sa cave. Sur la porte, écrite en lettres de sang, cette phrase fatidique à la faute d'orthographe devenue célèbre : « Omar m'a tuer ». Alors que le coupable désigné semble être Omar Raddad, le jardinier de la victime, de nombreuses approximation entachent la procédure et troublent l'action de la justice.
Polémiques
Si Omar m'a tuer est le film de la semaine, c'est parce que sa simple existence est en soi un sujet de polémique, puisque l'adaptation cinématographique d'un fait divers si médiatisé divisera les foules. Si on peut en effet percevoir cette démarche comme vulgaire et racoleuse, il est aussi possible de la défendre en la qualifiant d'altruiste. Roschdy Zem, dont c'est le deuxième film en tant que réalisateur, tranche très clairement sur ses intentions : « [?] il ne s'agit ni d'un règlement de compte, ni d'une quelconque révision de l'histoire. J'ai seulement éprouvé le désir de raconter une histoire, tragiquement extraordinaire. »
Pour donner à son histoire cette dimension tragique avec laquelle il l'envisageait, le film de Zem ne s'arrête pas une fois que le verdict du juge - 18 ans de prison - est tombé, mais va au-delà, en s'intéressant à la vie de Raddad en prison et au combat de l'écrivain Pierre-Emmanuel Vaugrenard, persuadé de l'innocence du jardinier, qui se lance dans une formidable contre-enquête dont il compte tirer un livre démontrant la solidité de ses convictions. Si le personnage est fictif, il est très fortement inspiré de Jean-Marie Rouart, auteur de Omar : la construction d'un coupable.
Omar Raddad et Pierre-Emmanuel Vaugrenard sont les deux protagonistes de ce film de procès auquel le réalisateur a voulu donner un angle le plus humain possible. Indifféremment de sa culpabilité réelle ou factice, Roschy Zem voit surtout en ce jeune immigré maghrébin un personnage profondément perdu, aux prises avec une langue qu'il comprend et qu'il utilise mal, et qui se retrouve littéralement « broyé par une machine judiciaire ». L'interprétation apparemment exceptionnelle de Sami Bouajila ajoute à ce drame une charge émotionnelle qui ne manquera pas de faire pleurer dans quelques chaumières.
3 raisons d'aller le voir :
- Tout le monde en parle déjà, et vous ne voulez pas être à la traîne.
- Sami Bouajila et Denis Podalydès donnent une grande leçon de jeu.
- Ça fait longtemps que le cinéma français ne vous avait pas ému.
La revue du web :
- L'interview de Roschdy Zem, Sami Bouajila, Denis Podalydès et Omar Raddad
- Un article pas convaincu.
- Une analyse du scénario en regard des faits purs et durs.
La bande-annonce :
L'anecdote pour briller en société
Le film est une adaptation à la fois de l'enquête Omar : la construction d'un coupable de Jean-Marie Rouart et de l'autobiographie d'Omar Raddad, Pourquoi moi ?. Initialement, le film devait être réalisé par Rachid Bouchareb et Roschdy Zem devait tenir le rôle-titre. Ce n'est que lorsque l'emploi du temps de Bouchareb est devenu trop occupé suite au succès d'Indigènes que le comédien a pris sa place.