Trailer est-il ? : Montana Amazon, Lovely Molly, Jabberwock...
Lancée en janvier 2009 sur le site Ecrans.fr, Trailer est-il ? est une chronique hebdomadaire compilant une demi-douzaine de bandes-annonces diverses et (a)variées : grosses machines, séries Z, raretés et plus encore... L'aventure Libé/Ecrans.fr s'étant achevée pour son rédacteur de mauvais goût, c'est sur Vodkaster qu'elle se poursuit après plus de trois mois d'interruption malheureuse. Enjoy, bitches.
Alison, c'est ma copine à moi
Le trailerophile averti est habitué à la vision de bandes-annonces adoptant un canevas classique et maintes fois usité, parfois en mode hommage comme c'est le cas chaque mois avec les 986 trailers montés façon « grindhouse movie » qui débarquent sur la Toile. En matière de comédie, difficile d'éviter la sempiternelle voix off masculine (sont-elles seulement parfois féminine ?) débutant sur une introduction du genre « meet Michael, an ordinary guy whose life is about to change and oh yeah suck my dick in the closet, you cumdrinking bitch ». Le trailer de Montana Amazon ne fait pas exception, mais impossible de ne pas penser, l'espace de quelques instants, qu'il s'agit d'une comédie des 80's, tant via sa voix off surexcitée qu'avec son esthétique surannée de road movie old school. Il faut attendre de voir la charmante Alison Brie, la brunette de Community (série jouissive par ailleurs menacée d'annulation outre-Atlantique), pour réaliser que le film ne peut être si vieux que ça. La belle Alison joue aux côté de Haley « je vois des gens qui sont morts comme ma carrière » Joel Osment une ado élevée par sa grand mère tarée dans les montagnes. La bande-annonce ne donne pas vraiment envie de se pisser dessus de LOL, mais qui sait, peut-être que pour changer, les meilleurs vannes ne sont pas éventées par le trailer. OK, on y croit autant qu'à un come-back d'Ariel Sharon au jury d'Israël a un Incroyable Talent.
SOS Fantômes
« Hey, comme on a fait un film avec une imagerie violente plutôt efficace et des apparitions de spectres plutôt flippantes, si on prenait soin de les fourrer à la toute fin de notre bien trop longue bande-annonce pour que tous les fans potentiels se soient déjà barrés sur YouPorn avant que le croustillant n'arrive ? ». C'est à peu de chose près la retranscription de ce qui s'est dit au sein de l'équipe de production de Cassadaga, film d'horreur de Anthony DiBlasi (le plutôt bon Dread, tiré d'un ouvrage de Clive Barker). Vous êtes donc prévenus : il faut subir une longue première moitié plutôt chiante, après quoi la bande-annonce de cette bande fantastique vaut malgré tout le coup d'oeil pour sa deuxième partie plus inspirée et alléchante, tout comme son affiche dessinée façon couverture d'un Conte de la Crypte avec l'impayable cocktail boobs and bloods. Et « c'est toujours un succès », comme disait mon oncle Ben.
Bon pour l'asile
On aurait tort de croire que la société The Asylum n'est bonne qu'à produire des films de requins géants ou des ersatz de blockbusters déjà foireux à la base. Parfois, ces fidèles tacherons se contentent d'une bonne vieille rengaine comme celle du petit ami charmant qui se révèle psychopathe. C'est en tout cas le pitch de Born Bad, écrit et réalisé par Jared Cohn, avec son adolescente rebelle s'amourachant d'un brun ténébreux qui ne va pas tarder à lui foutre de grosses tartes dans la tronche, et plus si affinités. Le casting est un sympathique défilé de has-been, comme Meredith « Dawson » Monroe et Michael Welch, un des blaireaux de la saga Twilight sur lequel capitalise évidemment la jaquette de The Asylum.
Sanchez, toujours debout
Eduardo Sanchez, né en 1968 à Cuba, nous revient avec un nouveau projet, Lovely Molly. Sanchez est surtout connu pour avoir fait péter le trouillomètre de la planète en signant avec Daniel Myrick Le Projet Blair Witch, il y a déjà onze ans. S'il s'est bien démerdé en négociation de droits, le succès du film doit sans doute lui rapporter chaque année une rente confortable sans qu'il ait à faire quoi que ce soit. De là à expliquer le tournant pas terrible de sa carrière (uniquement des mises en scène sorties par chez nous en direct-to-dvd, dont un certain ParaAbnormal en 2009 qui semble lorgner vers Paranormal Activity, lui-même lointain bâtard de Blair Witch), il n'y a qu'un pas. Espérons que Lovely Molly et sa jeune fille à moitié possédée relève le niveau, même si l'utilisation, une fois de plus, de la méthode dite du found footage (les personnages se filment eux-même), donne plus envie de fuir qu'autre chose.
<3 de Dragon
Après avoir signé un remake de film craspec culte (I spit on your grave), rien de tel qu'un direct-to-video médiéval pour se changer les idées. Voici donc Steven R. Monroe derrière l'objectif de ce Jabberwock calibré pour les après-midi sur la TNT en période de Noël. Notons qu'à un « y » près, on tombe sur le nettement plus rigolo Jabberwocky, première réalisation solo de Terry Gilliam avec son Monty Python de pote Michael Palin. Dans Jabberworck, on retrouve un acteur dont le CV le condamne d'ores et déjà à finir ses jours de conventions geeks en festivals de nerds, Tahmoh Penikett. Derrière ce patronyme d'un ridicule absolu se cache un comédien plutôt bien vu dans la série culte Battlestar Galactica, mais également Dollhouse, de Joss Whedon, ainsi que la web-série inspirée de Mortal Kombat. On l'imagine déjà grabataire au Comic Con de San Diego en 2048 à signer des t-shirts dans un stand reculé en hurlant à un fan ventripotent « OUI, OUI, J'AI BIEN CONNU ELIZA DUSHKU ET COMBATTU DES DRAGONS ET OH FLÛTE J'AI FAIT SOUS MOI ».
Bonus : pendant ce temps là, au Ghana
L'instant culturel de Trailer est-il ? vous est présenté par l'encyclopédie collaborative Wikipedia, par ailleurs en pleine campagne annuelle de recherche de dons. Aujourd'hui, penchons-nous (mais pas trop près quand même) sur le Ghana, pays africain situé entre le Togo et la Côte d'Ivoire. Peuplé de plus de 23 millions d'habitants et présidé par un certain John Atta-Mills, le pays a pour capitale Accra et pour langue officielle l'anglais. Officielle peut-être, mais officieuse sans doute pas, car difficile d'entendre quoi que ce soit aux deux trailers locaux que voici, tout d'abord 2016 (« TWOSOUZEND SIXTIIIIINE ! ») et sa curieuse façon de rendre hommage à Predator et Terminator, puis le tout aussi chelou 12 00 1,2&3 (on ne sait à vrai dire s'il s'agit d'un titre, d'un nom de code ou d'une franchise comprenant trois volets mis bout à bout). Mettez le son bien à fond pour profiter au maximum de ce trailer poétique (le second se trouve ici).
Et je viens de remarquer après plusieurs visionnage qu'il y a un jeune acteur qui se retrouve dans les deux films (à 0:12 dans 2016 et 0:24 dans l'autre) je pense que c'est la star montante ghanéene qu'il faut suivre de près.