Nos pronostics sur le palmarès de Cannes 2011
La fièvre cannoise s'éteint peu à peu mais les conversations elles continuent d'agiter le festival : qui remportera la palme ? le prix d'interprétation masculine ? ou encore le prix de la mise en scène ? Toutes ces interrogations divisent et c'est pour cela que nous avons décidé de vous donner nos pronostics, basés sur les rumeurs entendues ici mais avant tout sur la vraisemblance et les goûts du jury, ainsi que notre petit panthéon personnel des films qui mériteraient leur place dans le palmarès.
Prix du scénario
Les favoris : We need to talk about Kevin et La Piel que habito
Nos souhaits : Le Havre
Cette année nous avons vu une poignée de films pertinents et limpides, admirablement bien écrits, avec astuce et panache. La rédaction de Vodkaster retient principalement Le Havre, d'Aki Kaurismaki, farce tendre et pourtant magistrale. Les deux films qui semblent avoir le plus de chance de repartir avec ce prix sont celui de Lynne Ramsay, We need to talk about Kevin, où la relation d'une mère avec son fils assassin, et le dernier né de Pedro Almodovar, La Piel que habito, le retour d'un Antonio Banderas brillant en chirurgien esthétique machiavélique.
Prix de la mise en scène
Les favoris : Drive ou La Piel que habito
Nos souhaits : L'Apollonide, souvenirs de la maison close
Racés ou minimalistes, parfois puissants, parfois en sourdine, le Festival de Cannes ne proposa que très peu de véritables révolutions esthétiques, de grands bouleversements formels. Drive, la fausse série B de Nicolas Winding Refn, ou le film de Pedro Almodovar, sont, chacun dans leur style, empreints d'une maîtrise qui pousse au respect. L'Apollonide, de Bertrand Bonello, est du même acabit mais possède une qualité en plus : une atmosphère, une couleur, une sensuelle originalité (qu'on pourrait rapprocher d'un Mulholland Drive), un vrai laisser-aller, sincère et spontané.
Prix du jury
Le favori : Hanezu no tsuki
Nos souhaits : Drive ou Ichimei
Le prix du Jury est un prix spécial qui existe pour féliciter un auteur ambitieux, un projet courageux, un film inclassable mais qui n'a pu se hisser jusqu'à la Palme d'Or. Deux envies du côté de notre équipe, Drive, le film de cascadeur qui lorgne du côté de Quentin Tarantino, ou Ichimei, la fresque mélodramatique et les affrontements psychologiques entre samouraïs signée Takashi Miike. Il se susurre néanmoins ici que Naomi Kawase, avec Hanezu no tsuki, pourrait décrocher un prix de cet ordre. Un film délicat, débordant d'envie, mais aussi un prix qui viserait à rendre hommage au courage japonais en ces temps de trouble.
Prière au temple extrait de Hanezu no Tsuki
Grand prix du jury
Les favoris : The Artist
Nos souhaits : The Artist ou Pater
Le film muet et noir et blanc The Artist, du français Michel Hazanavicius, le père de la saga OSS, fit grand bruit sur la croisette. Un cri d'amour lancé au cinéma et ses inévitables transformations, un casting prestigieux réuni autour de Jean Dujardin et John Goodman, un esprit malicieux, d'hommages en hommages, de trouvailles visuelles en gags symboliques. Autre grande réussite française du festival, dont nous sommes fous d'admiration chez Vodkaster, le nouveau film d'Alain Cavalier, Pater, où ce dernier et Vincent Lindon s'amusent à se prendre pour le président de la république et son premier ministre. C'est bien simple, même si nous n'y croyons pas tellement lorsque l'on considère l'aspect relativement confidentiel et modeste du film, nous exigeons un prix pour Pater. Un Grand prix, voire une Palme d'Or.
Prix d'interprétation masculine
Le grand favori : Michel Piccoli dans Habemus Papam
Face à l'éblouissante prestation de Michel Piccoli, et en l'absence de candidats sérieux au titre (Antonio Banderas, et encore, impeccable mais pas assez dans l'épate pour convaincre le jury) tout le monde semble d'accord à Cannes : il doit recevoir le prix, il le mérite amplement.
Le pape et son psy extrait de Habemus Papam
Prix d'interprétation féminine
Les favoris : Tilda Swinton dans We need to talk about Kevin
Nos souhaits : Jessica Chastain dans The Tree of Life ou Bérénice Béjo dans The Artist
Pour cette catégorie, la division règne. Si l'interprétation de Tilda Swinton impressionne tout le monde, elle souffre d'être en compétition pour un film souffreteux, choc et toc. Bérénice Béjo, coup de coeur incontournable dans The Artist, et Jessica Chastain, dans The Tree of Life, nous convainquent d'avantage.
Difficile réveil extrait de We Need to Talk About Kevin
Palme d'or
Le favori : The Tree of Life
Nos souhaits : Pater ou La Piel que habito
La rédaction se réunit donc autour de deux oeuvres que nous considérons majeures : La Piel que habito, ou le retour d'un Almodovar en grande forme, satirique, effrayant, toujours sûr de lui mais exposant ses idées avec une distance et un humour macabre. Pater, encore une fois, est définitivement un grand film, transformation d'une époque condensée en un long-métrage qui, de prime abord, ne semble pas en avoir les épaules. Et pourtant. Depuis longtemps le jeu entre cinéma et réel, fiction et distraction, n'avait pas été présenté avec autant d'aisance et de plaisir. Un film émouvant, qui sonne comme le retour évident d'Alain Cavalier comme l'un des plus grands réalisateurs français en activité.
Nos prévisions se retrouvent plutôt autour de The Tree of Life, film qui ne laisse pas indifférent, preuve de sa force et de sa conviction. Néanmoins, le fait qu'il n'arrive que difficilement à rallier les opinions autour de lui (il fut globalement mal accueilli puis encensé le lendemain dans un retournement de veste des plus incompréhensibles) sera peut-être l'handicap qui le perdra.
Une famille heureuse extrait de The Tree of Life
Vous pourrez suivre le palmarès en direct sur Vodkaster, et ce dès demain 19h.