Présentation de la programmation du Festival Paris Cinéma 2011
La 9ème édition du Festival Paris Cinéma se tiendra du 2 au 13 juillet, un peu partout dans les petites et grandes salles de la capitale. Petit tour d'horizon non exhaustif de la programmation.
Un festival qui aime vraiment le public
Puisque le Festival de Cannes est terminé, on peut se permettre de lui cracher un peu dessus. Si personne dans le milieu du cinéma n'osera contester qu'il s'agit d'un haut lieu du 7ème art, le reproche qu'on peut lui faire (et qu'on lui fait souvent, d'ailleurs) est de n'être ouvert qu'aux professionnels ou à leurs amis. Pour assister aux projections de Cannes, il faut avoir « la carte ». Si votre seul atout est d'être un passionné, vous pouvez toujours vous brosser pour voir des films.
Paris Cinéma, au contraire, a pris le parti de proposer une formule radicalement opposée : si la sélection en elle-même est parfois très pointue, l'essence même de l'événement est populaire, puisque tout le monde peut assister aux films sélectionnés, même sans faire partie du milieu. Seul le film d'ouverture du festival, Polisse, est réservé aux invités : une petite faute de goût qui prouve que personne n'est parfait.
C'est bien connu, les artistes ne mélangent pas le spirituel et le matériel. Mais, comme on vient de dire, Paris Cinéma est ouvert aux gens normaux, alors parlons un peu argent : chaque séance individuelle du festival coûte 5 euros (les programmations « de groupe » ont des tarifs à part) ou 8 euros pour un film en 3D. En réalité, la vraie bonne affaire de l'événement est l'achat d'un pass pour 30 euros, qui donne accès à toutes les séances, sauf celles en 3D qui coûtent alors 3 euros. Elle est rentabilisée en 6 films? A vous de faire vos calculs !
Mais la plus grande marque de respect que Paris Cinéma témoigne aux cinéphiles amateurs, c'est que, sur les 4 prix qui sont remis à l'issue du festival, un seul est décerné par des professionnels. Les 3 autres jurys sont composés d'une sélection de bloggeurs, d'un groupe d'étudiants et? du public ! A la fin de chaque projection, tous les spectateurs de la salle sont appelés à voter. On voit mal comment une remise de prix pourrait être plus démocratique.
Départ en mission extrait de Polisse
Les films en compétition
La sélection de films en compétition de Paris Cinéma ne prend pas de risques puisque, sur les 8 films choisis, tous sans exception ont déjà été projeté dans un ou plusieurs autres festivals internationaux, notamment Canes, Locarno, Tribecca, Berlin ou Sundance. Avec plus de films réalisés par des femmes que des hommes et des productions représentant 11 nationalités différentes, cette sélection se veut placée sous le signe du progressisme et de la diversité.
Et les nominés sont?
- La ballade de Genesis et Lady Jane, de Marie Losier (USA/France)
- Hospitalité, de Koji Fukada (Japon)
- Circumstance, de Maryam Keshavarz (USA/Iran/Liban)
- La guerre est déclarée, de Valérie Donzelli (France)
- Curling, de Denis Côté (Canada)
- The Prize, de Paula Markovitch (Mexique/France/Pologne/Allemagne)
- Voltiges, de Lisa Aschan (Suède)
- Sur la planche, de Leïla Kilani (Maroc/France/Allemagne)
Soyons honnêtes : à part peut-être La Guerre est déclarée, qui était présenté en ouverture de la Semaine de la Critique au dernier Festival de Cannes, vous n'avez jamais entendu parler d'aucun de ces films, qui marquent pour la plupart, les tout premiers pas de leurs réalisateurs dans l'industrie. Comme toutes les sélections, celle du Festival Cinéma de Paris a pour vocation de se placer en découvreuse de talents, et pour découvrir un talent, il faut donner leur chance à des inconnus?
Les avant-premières
Le festival en est-il pour autant destiné à un seul public de cinéphiles ultra-avertis capables d'apprécier la beauté d'un film contemplatif ukrainien ? Non, bien sûr que non : Bertrand Delanoë a déclaré vouloir faire de Paris Cinéma un événement populaire et, qu'il soit sincère ou non, les moyens ont été mis en oeuvre pour parvenir à ces fins.
Vous aurez donc l'occasion de voir avant leurs sorties nationales le très attendu Super 8 de J.J. Abrams (Lost), produit par Steven Spielberg, mais aussi les films d'animation Cars 2 et Hop !, ou le vrai-faux documentaire sur Joaquin Phoenix I'm Still Here. Les déçus de Cannes pourront également rattraper leur retard en allant voir La Piel Que Habito (Pedro almodovar), We Need to Talk About Kevin (Lynne Ramsay), Melancholia (Lars Von Trier) ou Ceci n'est pas un film, de Jafar Panahi, que le Festival est particulièrement fier de projeter pour marquer son soutien au peuple iranien.
Charlotte Rampling est la présidente du festival.
Les rétrospectives
On peut questionner le grand nombre des invités d'honneur du Festival puisque, en rendant hommage à de trop nombreuses personnes à la foi, on finit par les priver individuellement de l'attention particulière dont elles sont censées bénéficier à cette occasion. Cette réflexion n'a visiblement pas effleuré les responsables de la programmation, puisque c'est pas moins de 6 rétrospectives qui seront proposées pendant toute la durée de l'événement.
Si votre culture cinématographique a quelques failles, ou même que vous désirez seulement réviser vos classiques, vous pourrez donc vous plonger ou vous replonger avec délectation dans les classiques d'Isabella Rossellini, de Gael Garcia Bernal, de Jerry Skolimowski, de Michel Ocelot, de Don Siegel et de Michael Lonsdale, qui s'est vu remettre récemment la Médaille Grand Vermeil de la Ville de Paris). Cerise sur le gâteau : ils seront tous présents? sauf Don Siegel, qui a l'excuse d'être mort.
Du porno à Pixar
Les noctambules et autres insomniaques cinéphiles passeront leur nuit du 2 au 3 juillet au Forum des Images, qui proposera 4 sélections thématiques de choix. La première sera centrée sur le roman porno japonais (munissez-vous de vos cartes d'identités), la seconde sur les séries B philippines (pléonasme), et la troisième sur le cinéma bis mexicain. La quatrième, enfin, sera la moins obscure de toutes, puisque, dédiée aux femmes vampires, elle s'achèvera sur les projections de Jennifer's Body et des Prédateurs de Tony Scott. Qui, des Japonaises pornographiques ou des suceuses de sang maléfiques, attirera le plus de monde ? Suspense...
Si vous avez des enfants, en revanche, vous préférez sûrement les tenir écartés de ces salles salaces. Paris Cinéma a pensé aux vicelards comme aux innocents, et célèbrera dons le 25e anniversaire des studios Pïxar en projetant durant le weekend du 9 au 10 juillet Le Monde de Nemo, Les Indestructibles, Cars et Ratatouille, ainsi que 2 courts-métrages inédits : Luna et Vacances à Hawaï, qui reprend les personnages phares de Toy Story 3.
Caramba !
Tandis que l'édition précédente de Paris Cinéma mettait en lumière le cinéma japonais, c'est cette année le Mexique qui est à l'honneur. Et, histoire de bien marquer le coup, le festival est partenaire de? Old El Paso, le roi du tacos. Quelques fois, la réalité est de plus mauvais goût que les blagues peu inspirées.
Les spectateurs intéressés pourront donc assister à un panorama du cinéma mexicain. S'il présente surtout l'opportunité de faire des découvertes, on y retrouve quelques noms déjà connus comme Luis Bunuel avec La Vie criminelle d'Archibald de la Cruz, Guillermo del Toro avec Cronos (son premier film) et Alejandro Jodorowsky avec La Montagne sacrée.
Les fruits du fachismes extrait de La Montagne sacrée
Mexique oblige, c'est du côté du Quartier Latin qu'il faudra aller chercher l'événement le plus populaire de cette thématique mexicaine, avec une sélection de films américains dont l'action se déroul autour ou au-delà de la frontière. La programmation de cet événement fait déjà baver, puisqu'on y trouve La Soif du mal, Les Sept mercenaires, La Horde sauvage, Il était une fois la Révolution, Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia, Desperado, Traffic, Trois enterrements ou No Country for Old Men. Seul Super Nacho fait un peu tache...
Pour tout savoir sur le programme, les salles, les horaires et les détails, ça se passe sur le site officiel.