Adèle Haenel : "Je jure que je ne nage pas dans mon prochain film !"
Cannes 2013. La Vie d’Adèle et ses actrices triomphent. Dans l’ombre de leur Palme d’Or, à la Semaine de la Critique, une autre Adèle impressionne dans Suzanne de Katell Quillévéré : Adèle Haenel. Elle y joue la sœur de l’héroïne incarnée par Sara Forestier, rôle qui lui a valu cette année le César de la meilleure actrice dans un second rôle. Adèle Haenel est en ce moment à l’affiche de deux films : L’Homme qu’on aimait trop d’André Téchiné et Les Combattants de Thomas Cailley, en salles aujourd’hui. Ce dernier étant le nouveau lauréat du Label des Ambassadeurs Vodkaster, nous en avons profité pour intercepter la comédienne dans la dernière ligne droite d’un marathon promotionnel sans précédent pour elle.
Lorsqu’Arnaud (Kevin Azaïs) plaque sa famille et ses amis pour suivre l'intrigante Madeleine (Adèle Haenel) dans son stage d’été à l’armée, on le comprend. Ce qu’incarne avant tout Adèle Haenel, c’est le désir. Qu’elle fasse tourner la tête de Pauline Acquart dans Naissance des Pieuvres ou du jeune héros des Combattants, c’est son mélange d’attraction et de répulsion qui transforme ces passions en un amour fou. Le mystère séduit. Mais ce n’est pas ça qui motive l’actrice pour choisir ses rôles. «Je m’en fous » dit-elle. Seule compte « la problématique proposée par le film, ou ce que j’en comprends ». Adèle Haenel veut se donner à fond pour matérialiser la vision d’un metteur en scène, qu’il soit débutant ou confirmé. Au prix d’éventuels ajustements. «J’ai tourné dans beaucoup de premiers films, mais André Téchiné et moi, nous n’en sommes pas du tout au même stade de nos carrières » précise Haenel. « Avec lui, il n'y avait pas le même rapport. André a le recul et l’acharnement pour m’amener là où il veut que j’aille ».
J'aime me battre
Dans L’homme qu’on aimait trop, l’actrice joue le rôle d’Agnès Le Roux, riche héritière dont la disparition mystérieuse est aujourd’hui imputée à son amant, Maurice Agnelet. Un personnage ayant existé, une première pour Haenel. « Le biopic a quelque chose d’angoissant. Il y avait une responsabilité. Ça ne reste qu’une interprétation de l’affaire » raconte la comédienne. « Je prends toujours des rôles qui vont m’apporter énormément sur le plan personnel, sans trop me demander ce que je vais en faire. C’est ensuite la confrontation avec l’univers du réalisateur qui fait que ça vient bien ». Son investissement ne laisse aucune place à l’improvisation, qu’elle perçoit comme « une forme de désengagement ». L’actrice veut s’amuser, rire, exploiter au mieux la passion qui semble l’animer aussi bien quand elle joue un personnage que quand elle répond à une interview : « Ce qui m’importe dans le personnage, c’est de se savoir s’il a des choses qui seront marrantes à faire. Dans Les Combattants par exemple, jouer à me bagarrer, ça m’amuse. C’est cet aspect très ludique qui m’a intéressé au film, sa forme de « chasse au trésor ». J’adore les chasses au trésor, je trouve ça génial. C’est aussi une quête de sens qui passe par des moments rocambolesques, mais avec des trucs concrets. Et les récits de quêtes, j’adore aussi ».
Des Trois frères au "comique de collision"
Si le rire n’est pas le maître mot de ses précédents films, il n’en reste pas moins essentiel pour Adèle Haenel. « La comédie, c’est la base du cinéma, plus que le drame. Les comédies sont les premières à m’avoir attirée au cinéma, avec Tex Avery, The Mask, même Les Trois Frères. C’est ça qui a fait que je suis allée au cinéma ». Selon l’actrice, Les Combattants fonctionne sur un « comique de collision » grâce à l’impassibilité constante de son personnage, Madeleine, « violent dans le sens où il ne renonce pas à ce qu’il est et ne craint pas d’être en rupture ». « Il y a une fermeture en elle, une force de Panzer » enchaîne-t-elle. « Et dans cette histoire de rencontre, il y a pour elle la difficulté à convertir cette force solitaire en un duo, d’aller vers l’autre. Tourner dans l’ordre chronologique a facilité les choses ».
C’est dans des rôles très physiques qu’Adèle Haenel arrive à se satisfaire. « J’aime être impliquée physiquement, c’est quand même plus drôle ! Quand le jeu est juste émotionnel, il peut y avoir une forme de manipulation, alors que l’on trouve plus naturellement l’émotion dans les rôles qui marchent à l’énergie. La force et la fragilité vont ensemble. Les limites apparaissent en même temps que l’on fait fonctionner son corps. Quand on reste dans l’émotion, ce n’est pas forcément le cas ». Cette force physique se manifeste notamment via la natation, synchronisée chez Céline Sciamma ou de combat pour préparer l’apocalypse chez Thomas Cailley, en passant par ses baignades prolongées sous les yeux de Guillaume Canet dans L’Homme qu’on aimait trop. « Pour Naissance des Pieuvres, c’était au coeur du récit » explique Haenel. « Dans Les Combattants, je saute juste dans une piscine ! C’est dans le film de Téchiné que la natation est utilisée le plus métaphoriquement. Là elle ressemble à un geste de folie et reflète une quête de grand espaces. Mais je jure que je ne nage pas dans mon prochain film ! ». Son prochain film justement, c’est Spiritismes de Guy Maddin. Vu l’univers barré du cinéaste de Winnipeg, pas sûr qu’Adèle Haenel reste au sec...
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hugo20 août 2014 Voir la discussion...
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tomsias20 août 2014 Voir la discussion...
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hugo20 août 2014 Voir la discussion...
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Fujee20 août 2014 Voir la discussion...
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IMtheRookie20 août 2014 Voir la discussion...