Asia Argento nue dans une Vieille maîtresse
Cette semaine, le Sexy Mardi remonte au XIXe siècle grâce au film de Catherine Breillat, Une Vieille maîtresse. Tant adulée que controversée, l'écrivaine et cinéaste Catherine Breillat agace parfois et dérange souvent. Sa filmographie, pour certains outrageusement pornographique, interroge le rapport au corps et à la sexualité et ouvre un espace de réflexion.
Présenté en compétition officielle au Festival de Cannes en 2007, Une Vieille maîtresse est une adaptation du livre de Barbey d'Aurevilly publié en 1851. Dandy débauché, Ryno de Marigny (Fu'ad Ait Aattou) et Hermangarde de Polastron (Roxane Mesquida), chaste demoiselle, tombent amoureux. Afin de vivre pleinement cet amour, Ryno met fin à sa relation avec sa maîtresse, la Vellini (Asia Argento), qu'il côtoie depuis une dizaine d'années. Cette passion charnelle qui unit les amants et dont ils ne parviennent pas à se détacher brise la vie du nouveau couple.
Avec Une Vieille maîtresse, Catherine Breillat parvient à sortir de son univers dans lequel elle semblait s'être enfermée au fil de ses films. Ses longs-métrages précédents s'orientaient sur la sexualité féminine et sa libération et sur le passage de l'adolescence à l'âge adulte. Cinéma symbolique aux images sadiennes, Breillat poussait la réflexion de la sexualité jusqu'à perdre le spectateur dans des scènes dérangeantes et difficiles à regarder. L'incompréhension a provoqué un rejet d'un certain public troublé par ces films très crus. En adaptant Une Vieille maîtresse, la cinéaste s'intéresse à la littérature romantique et offre ainsi une relecture de son oeuvre antérieure. Effacé dans ses films précédents, l'homme retrouve la parole. La scène suivante en atteste :
"Ce que c'est de tenir un homme dans son ventre" extrait de Une vieille maîtresse
Cet extrait témoigne de l'inversion des rôles et du rapport de forces qui se joue dans la passion charnelle de ces deux amants. La Vellini, beauté espagnole et figure exotique qui rappelle notamment la Carmen de Mérimée, apparaît comme un être sauvage en rébellion, à la recherche d'une liberté absolue qui ne peut être que vaine. Ryno pense pouvoir se détacher de sa maîtresse mais l'attirance et le désir pour elle sont plus forts. L'âme et la raison s'affrontent. Le corps et les pulsions gouvernent. La liberté des amants est illusoire puisque l'hypnose érotique domine. Vertige tragique.
Dans la scène présentée, la Vellini débute la conversation. En dominatrice, elle est sur son amant, qui peine à répondre. Ses questions sur la Comtesse le contrarient et dans un élan de puissance, Ryno retourne la situation, prend la parole en allongeant sa maîtresse. Les gros plans sur les visages des protagonistes ne trahissent aucune de leurs émotions amoureuses et sexuelles. La Vellini, dans une sublime provocation sentimentale, demande à son amant de parler de la Comtesse : « Mets ta main sur mon coeur et raconte-moi tes bonheurs avec ta nouvelle maîtresse. S'il bat d'une pulsation plus vive, méprise-moi ». Ryno décrit alors ses rapports intimes avec Hermangarde, tout en continuant à lui faire l'amour. Son corps se crispe et son visage s'illumine. Hermangarde incarne le fantasme de la pureté, sa blondeur et sa peau blanche sont une métaphore de sa pudeur. A la fin du récit de Ryno et dans des larmes incontrôlées, la Vellini conclut : « Ce n'est pas ça l'amour. (...) Se donner à un homme. Ce que c'est de tenir un homme dans son ventre ». Cet extrait souligne la faiblesse du coeur humain, sujet du film.