Cannes 2014 - Foxcatcher de Bennett Miller
L'un des plus grands plaisirs du Festival de Cannes est de découvrir des films dont on ne sait rien. Il arrive qu'on entre dans une salle sans être sûr du titre ou de la nationalité du film. Généralement on connait le nom du réalisateur et peut-être de quelques acteurs... mais concernant le sujet c'est souvent la surprise qui prime. La découverte de Foxcatcher, que nous attendions depuis plus d'un an, a provoqué une autre forme d'étonnement.
Voici les données connues :
- Foxcatcher raconte l'histoire de deux frères lutteurs, médaillés d'or olympique à Los Angeles en 1984 et pris sous l'aile d'un millionaire un peu dingue : John du Pont.
- Le film est réalisé par Bennett Miller, fin narrateur et excellent directeur d'acteurs, à qui l'on devait déjà les très bons Truman Capote et Le Stratège.
- Comme les deux premiers films de Miller, il s'agit d'une histoire vraie.
- Le rôle du philanthrope paranoïaque est tenu par Steve Carell (The Office).
- Il s'agit d'un drame.
- Les deux frères sont joués par Channing Tatum et Mark Ruffalo.
A cela, il faut ajouter une autre information, qui vient immédiatement quand on se renseigne sur l'histoire originale, mais qu'on se gardera de révéler ici. N'ayant pas eu la chance de découvrir le film vierge de cette information, j'ai dû me reporter à l'avis de quelques uns de mes collègues festivaliers pour tenter de comprendre si l'appréhension du film différait. Visiblement... pas tant que ça.
Foxcatcher est un objet difficile à saisir tant il abuse du mode mineur. Pas une note au dessus de l'autre. La musique, les dialogues, le mouvement des corps et surtout le récit linéaire et presque privé d'ellipses... tout ici est extrêmement minimaliste. A l'issu du film on cherche alors un dernier acte, une porte d'entrée s'ouvrant in extremis sur cette terne chronique, mais en vain.
Foxcatcher est un peu à l'image de Steve Carell, sans doute l'un des acteurs les plus expressifs qui soient, qu'on retrouve ici engoncé dans un maquillage absurde ; camisole de force pour son visage de clown. Fallait-il que Miller troque sa virtuosité narrative contre un récit empesé pour s'ouvrir les portes du Palais des Festivals ? Faut-il voir là une forme d'auto-censure (la sortie US avait été décalée d'un an pour peaufiner le montage) tendant vers les clichés d'un auteurisme bon teint ?
On me répond que je suis passé à côté et, bien que les arguments joints soient souvent aussi minimalistes que le film, je veux bien le croire. Foxcatcher n'était pas le film que j'attendais et, c'est commun à Cannes, les attentes jouent des tours. A revoir peut-être...