Cannes 2015 : Youth de Paolo Sorrentino
Treizième film présenté en compétition à Cannes 2015, Youth de Paolo Sorrentino envoie Michael Caine et Harvey Keitel dans un sanatorium pour y repenser aux choses de la vie.
Film italien de 1h58. Après des années 2013 et 2014 exceptionnelles pour Paulo Sorrentino, puisque la Grande Belleza lui a valu un Oscar et un Golden Globe, le cinéaste revient pour la sixième fois dans le plus grand festival du monde. Deuxième film tourné en langue anglaise par l’Italien, il met en scène Michael Caine et Harvey Keitel dans les rôles d'octogénaires en vacances dans les Alpes. L'occasion pour Sorrentino d'aborder le thème du temps qui passe, mais aussi celui d'une possible deuxième jeunesse puisqu'on trouve également au casting les pimpants Rachel Weisz et Paul Dano. À Cannes, le réalisateur n’a obtenu jusque là "que" le prix du jury pour Il Divo et le prix Oecuménique pour This Must Be The Place. Ses récentes récompenses internationales préfigurent-elles une reconnaissance encore plus grande ?
Une scène : le clip musical
On ne va pas se mentir, le film de Paolo Sorrentino contient un sacré paquet de scènes mémorables. Pas toutes forcément pour de bonnes raisons, le cinéaste italien étant particulièrement connu pour ses flirts fréquents avec le kitsch le plus grotesque qui soit. Mais le sommet de mauvais goût est ici certainement atteint avec cette séquence musicale, un vidéo clip mettant en scène une certaine Paloma Faith (une véritable popstar dont l'existence nous avait étrangement échappé) dans un déchaînement furieux d'images immondes, sur fond de musique pop électro rappelant le pire de ce qui peut se faire aujourd'hui dans le domaine (imaginez une sorte de mix infernal entre Rihanna, Miley Cyrus et Zaz). Sorrentino, le néo-Pape du mauvais goût, a donc tenté de faire cette fois du mauvais goût volontairement. Une mise en abyme qui pique les yeux et brûle les oreilles.
Open Bar
Cannes peut aussi se consommer tranquillement à la maison. Découvrez nos cocktails cinéphiles, spécialement concoctés pour se substituer aux films sélectionnés...
Prenez une grosse louche de Indian Palace pour les petits vieux en villégiature. A laquelle vous mélangez une cinquantaine de cuillères à soupe (après en avoir supprimé l'élégance à la passoire) de Le Miroir pour la réflexion sur le temps qui passe. Rajoutez quelques morceaux de La Chute pour Adolf Hitler qui embarrasse tout le monde, et enfin versez-y un filet de La Grande Vadrouille pour Michael Caine en chef d'orchestre qui ressemble étonnamment à Louis de Funès.
Cinémojis
Pour les plus pressés, voici le film résumé en quelques émojis :
Le juste prix
Entre Adolf Hitler et Paloma Faith, on pensait avoir déjà atteint un haut niveau d'invités surprises présents dans le film. Mais ce serait mal connaître Sorrentino. Car le napolitain, en bon fan de foot qu'il doit probablement être, n'a pu s'empêcher d'y glisser l'un des plus grands joueurs de ballon rond de l'histoire, le fameux "El Pibe de Oro" ("le gamin en or"). Nous remettons donc le Prix Lionel Jospin du guest le plus improbable à un faux Diego Maradona, pour son rôle d'otarie adepte de la jonglerie avec une balle de tennis.