Trailer est-il ? : Le Monde de Corman, HardHat, The Heineken Kidnapping...
Lancée en janvier 2009 sur le site Ecrans.fr, Trailer est-il ? est une chronique hebdomadaire compilant une demi-douzaine de bandes-annonces diverses et (a)variées : grosses machines, séries Z, raretés et plus encore... L'aventure Libé/Ecrans.fr s'étant achevée pour son rédacteur de mauvais goût, c'est sur Vodkaster qu'elle se poursuit après plus de trois mois d'interruption malheureuse. Enjoy, bitches.
Si j'avais un marteau
Dans la langue de Shakespeare ou de Sam Raimi, un hard hat désigne un casque de chantier. HardHat, le film, fait effectivement référence à un ouvrier bricoleur mais celui-ci préfère dévisser des boîtes crâniennes à la place des boulons, ce qui convenez-en est beaucoup plus fun. Ecrit et réalisé par un certain John Travers, le film a été teasé au dernier American Film Market, et serait en pré-production d'après la presse spécialisée. Si la chose est exacte, le trailer ci-dessous est donc à prendre avec des pincettes puisqu'il ne s'agirait alors que d'une sorte d'avant-goût du film destiné à appâter de l'investisseur... On espère que plusieurs d'entre eux se sont manifestés ; qui n'aimerait pas voir un constructeur fou dégommer à coup de ponceuse du teenager stupide parti explorer un hôpital abandonné pour faire du paintball ?
Morts de rire
Diantre, on a raté de peu la seule (pour l'instant) projection française de la comédie québécoise Le Sens de l'humour, montrée la semaine dernière au Forum des Images dans le cadre du festival Cinéma du Québec. Le film raconte le calvaire de deux humoristes en tournée dans la Belle Province capturés par un psychopathe qui n'a pas vraiment goûté de leurs moqueries pendant un spectacle. Dans le rôle du taré kidnappeur, on retrouve Michel Côté, alias le père du héros de C.R.A.Z.Y. qui ne devrait pas ici beugler du Aznavour toutes les dix minutes. Fun fact : le film est réalisé par Emile Gaudreault, scénariste en 1994 d'un certain Louis 19, le roi des ondes mis en scène par Michel Poulette. Ce film ne vous dit sûrement rien, mais son remake américain tourné cinq ans plus tard, sans doute : En direct sur Ed TV, par Ron Howard.
Hyper Bad Lieutenant
En 2009, le réalisateur Oren Moverman réunissait dans son premier film (The Messenger,inédit en France) les acteurs Ben Foster et Woody Harrelson, dans les rôles de militaires missionnés pour avertir les familles de soldats tués au combat. Deux ans plus tard, rebelote : Moverman retrouve les deux comédiens pour Rampart, deuxième long radicalement différent et bien moins « oscar-compatible » puisqu'il suit la descente aux enfers d'un flic ripou à faire passer le mauvais lieutenant de Ferrara (ou Herzog) pour un mulet de Navarro. Le reste du casting a de la gueule : Steve Buscemi, Anne Heche, Sigourney Weaver, Robin Wright, Ice Cube... Situé dans les années 90, le film avait déjà de quoi nous faire saliver avec son trailer musclé, mais la mention « co-écrit par James Ellroy » nous a carrément fait souiller le slip, excité par la promesse de délires ultraviolents imaginés par cette canaille républicaine.
Mise en bière
Freddy Heineken, mort en 2002, était le boss de la Heineken Company, la fameuse brasserie hollandaise fondée à Amsterdam en 1864 par son grand-père. Pas vraiment à plaindre financièrement, le pape de la binouze avait été kidnappé avec son chauffeur en 1983 par cinq hommes, et détenu pendant trois semaines avant le paiement d'une rançon de 16 millions d'euros. Une fois libéré, le patron revanchard s'était attelé à la recherche de ses bourreaux pour leur faire passer l'envie de capturer des PDG, car c'est pas gentil-gentil quand même. The Heineken Kidnapping raconte ce fait divers avec dans le rôle titre le toujours top Rutger Hauer, qu'on a plus souvent l'habitude d'entendre parler anglais (Batman Begins, Hobo with a Shotgun) que son néerlandais natal. Comme en France pour la sortie de Carlos, l'un des criminels dépeints dans le film a tenté sans succès de bloquer la sortie du film. A part ça, le film est distribué par Bavaria Film International, ce qui n'arrange pas notre envie soudaine de siffler une mousse.
En chlore, mode d'emploi
Difficile de résister à un film réunissant Kevin « Hercule » Sorbo, Danny « Machete » Trejo et Jason « Jay sans Silent Boy » Mewes. Poolboy, de Garrett Brawith, est cette perle rare qui oscille entre série Z et film concept, puisqu'il y a a priori de la mise en abyme façon nanar dans le nanar à en croire des infos glanées par ci par là sur la chose. Sorbo joue un sous-Rambo revenu du Vietnam (on parie combien que c'était pas sa guerre ?) reconverti en nettoyeur de piscine dont la famille a été trucidée par ce filou de Trejo, toujours aussi moustachu. On pensait difficilement trouver plus con mais le réalisateur est décidément plein de ressources puisqu'il retrouvera Sorbo dans son prochain film, FDR : American Badass. L'ex-Hercule de pacotille y jouera le rôle d'Abraham Lincoln, en toute simplicité.
L'amooooour du bis
On voit mal comment quelqu'un ayant fait l'effort d'atterrir sur la présente chronique pourrait ignorer l'existence de Roger Corman, mais bon, comme Google peut vraiment ramener n'importe qui n'importe où, on vous la fait rapidos : Corman est un réalisateur et producteur mythique de séries B voire Z tournées à l'arrache pour des budgets faméliques. Le résultat est parfois génial (Death Race 2000), parfois infamant. Via ce grippe-sou, de nombreux talents ont été révélés, devant comme derrière la caméra : Joe Dante, James Cameron, Jonathan Demme, Jack Nicholson, etc. Le documentaire Le Monde de Corman : Exploits d'un rebelle hollywoodien, réalisé par Alex Stapleton donne la parole à bon nombre de rejetons de Corman, mais aussi à ce sac à merde putride qu'est Brett Ratner (Rush Hour). Une faute de goût totale qu'on pardonnera volontiers au film, pas avare en extraits de films fous.
cc @hugues.derolez @JoChapeau, si vous n'étiez pas déjà au courant de ce détail.