Ces acteurs qui font tout pour nous faire oublier le rôle qui leur colle à la peau
“Harry Potter avec des cornes”. C’est ce qui vient à l’esprit quand on jette un oeil aux affiches de Horns, le nouveau film d’Alexandre Aja. Après avoir été dans le film d’horreur La Dame en noir en 2011, entièrement nu dans la pièce de théatre Equus, et chevauché lors d'une scène de sexe gay très explicite dans Kill Your Darlings (présenté à Venise en 2013), Daniel Radcliffe semble décidément tout faire pour qu'on oublie qu’il a endossé pendant dix ans le rôle du sorcier à lunettes. Cette volonté de se défaire de son image n’est pas sans rappeler le parcours de sa comparse Emma Watson qui, depuis son rôle d’Hermione la coincée, est devenue ado superficielle dans The Bling Ring et Le monde de Charlie, avant de faire un caméo dans son propre rôle dans This is the End. En faisant tout pour se détacher du rôle qui les a rendu célèbres, les anciennes stars de la saga Harry Potter s'inscrivent d'ailleurs dans cette tradition d’acteurs qui ont eu, avec plus ou moins de difficulté, besoin de (se) prouver qu’ils étaient plus que leurs personnages fétiches de fiction.
Heinsenberg in the Middle
Les acteurs britanniques que nous avons vus grandir à Poudlard ne sont pas les premiers à faire face à ce problème. David Duchovny, rôle fort de la série fantastique culte des années 1990 X-Files, a longtemps été dépassé par son personnage de Fox Mulder. Lorsqu’il débarque en 2007 dans le rôle principal de Californication, difficile de ne pas penser à l’agent spécial chargé des affaires paranormales. Mais rapidement, Duchovny s’approprie le costume de l’écrivain dépravé et immature ; la qualité de son interprétation et de l’écriture du personnage aidant. Ses deux rôles forts dans des registres diamétralement opposés permettent à Duchovny de s’affirmer en tant qu’acteur de talent. Et si ce talent n’a jamais été remis en question, sans Hank Moody, Duchovny serait probablement encore assimilé à Fox Mulder.
Cette trajectoire ressemble à celle de Bryan Cranston, passé du rôle comique de Hal, éternel enfant têtu dans Malcolm, à celui de Walter White. Un changement de registre si radical et brillamment effectué que le personnage culte du père de Malcolm est quasiment éclipsé aux yeux du public par le protagoniste de Breaking Bad : si l’objectif de Bryan Cranston était en partie de prouver qu’il n’était pas qu’un clown, il aurait difficilement pu mieux s’y prendre. Le parcours de Michael C. Hall, le sensible David James Fisher de Six Feet Under devenu ce psychopathe de Dexter Morgan, est lui-aussi assez similaire.
En passant d’un registre léger au drame (ou inversement), ces acteurs ont su s’adresser à différents publics, évitant ainsi de se voir à jamais associés à un seul et unique personnage.
Action Hero
On pourrait donc penser que jouer des héros radicalement différents serait la clé pour se libérer d’un rôle qui colle à la peau. Pourtant, si Rocky Balboa, Conan le Barbare et Han Solo sont des personnages ayant dépassé le cadre du cinéma grâce à leur immense notoriété, leurs patronymes demeurent moins populaires que ceux de leurs interprètes. Sans doute parce que les action heroes qui jouent ces rôles disposent d’un charisme et d’un talent tels, qu’ils leur ont permis de prendre le dessus sur leurs personnages. Stallone a fait Rocky, Schwarzenegger a fait Conan, et Harrison Ford a fait Han Solo, pas l’inverse. Ces derniers ont ainsi pu, libres de l’image de leur rôle iconique, accomplir d’autres performances toutes aussi marquantes que celles qui les ont faits connaître : Rambo pour Stallone, Terminator pour Schwarzy, et Indiana Jones pour Ford. À chaque fois, des rôles titres dans des films sortis peu de temps après leurs films-références (voir simultanément pour Harrison Ford, puisque Les aventuriers de l’Arche perdue sort à peine un an après L’Empire contre-attaque), et qui ont contribué à élever les acteurs au dessus de leurs personnages cultes.
Prendre le public à contre-pied
Si le but ultime de Daniel Radcliffe était de se libérer de son image de petit enfant sage en prouvant qu'il pouvait lui aussi se dévergonder, Miley Cyrus serait la version hardcore de cette mutation : entre son look, sa consommation de drogue revendiquée et ses chansons aux clips provocants, la petite Hannah Montana paraît désormais bien oubliée. Une tendance qui semble être l’adage des anciennes actrices Disney Channel, comme l’illustrent les rôles de Vanessa Hudgens et Selena Gomez dans Spring Breakers. Au regard de ces parcours, difficile de savoir s’il s’agit d’une réelle volonté de briser une image de petite fille sage ou d’une simple évolution personnelle.
Même démarche, mais autre parcours, si l’on s’attarde sur l’histoire de Sébastien Roch, alias "Cri-Cri d’amour" dans Hélène et les garçons. Affublé du seul rôle non consensuel du sitcom, Roch est rapidement dépassé par le succès de son personnage. Lui qui avait rejoint le Cours Florent, admiratif du parcours de Johnny Depp (qui a lui aussi commencé par une série télé, 21 Jump Street, et a beaucoup plu aux midinettes), il quitte la série en plein succès, conscient de l’aspect éphémère des héros de AB Productions, et refusant de jouer dans Le Miracle de l’Amour, la suite d’Hélène et les garçons. Les producteurs flinguent le personnage de "Cri-Cri d’amour", qui passe du rigolo de la bande au type violent qui boit et se pique à l’héroïne. Incapable de dépasser son personnage, il ne trouvera pas de nouveau rôle marquant pour relancer sa carrière. Après un projet avorté dans lequel il devait interpréter Don Juan, quelques années de chanson et un retour à l’anonymat, il tente la méthode aujourd'hui employé par Radcliffe avec un rôle dans l’obscur In Extremis d’Etienne Faure. Roch y interprète un homme en deuil qui s'abandonne aux excès, aussi bien sexuels que narcotiques. En 2010, il accepte finalement de reprendre le rôle de "Cri-Cri d’amour" dans Les Mystères de l’Amour, comme si son destin était de revenir irrémédiablement à ce rôle qu’il a tout fait pour fuir.
Je vois des carrières qui sont mortes
Si le nom de Macaulay Culkin a survécu à celui de son personnage Kevin McCallister, la carrière du jeune acteur de Maman j’ai raté l’avion n’a, elle, jamais décollé. Les acteurs enfants sont-ils condamnés à une carrière ponctuelle, parce qu’ils ont commencé "trop haut" ? Il est tentant de répondre par l'affirmative, surtout si l’on fait le parallèle avec Haley Joel Osment, communément appelé "le gamin dans Sixième sens". Non seulement les carrières respectives des deux acteurs n’ont jamais évolué, mais celles-ci restent résumées à une image, à une simple expression faciale.
L’incapacité à se défaire d’un rôle culte n’est cependant pas spécifique aux enfants acteurs. Comment, en effet, ne pas penser à Mark Hamill, interprète de l’un des personnages phares du cinéma contemporain, Luke Skywalker ? Jouer un rôle aussi marquant dans une saga aussi culte que Star Wars aurait du faire exploser sa carrière, comme ce fut le cas pour Harrison Ford avec Han Solo. Au lieu de cela, l’avenir cinétographique de Mark Hamill s’est vu totalement bridé par cet immense succès cantonnant par la suite l'acteur aux séries B et aux seconds rôles très discrets à la télévision. Peut-être qu’Hamill n’avait tout simplement pas les épaules, la carrure pour dépasser un rôle aussi fort.
Parfois, c’est aussi le destin qui ne veut pas. Comme si le cours du temps avait voulu que Christopher Reeve demeure à jamais Superman. En arborant le costume du super héros au cinéma à quatre reprises, Reeve a contribué, en partie par la force de son jeu, à faire le succès de la saga, y compris lorsque celle-ci a commencé à s'essouffler. Par la suite, il a su prendre du recul par rapport à son métier d’acteur, tout en ayant ponctuellement quelques rôles, jusqu’en 1995 et l'accident qui l'a rendu tétraplégique. Cette limite physique a mis un terme aux éventuelles ambitions cinématograpiques de l’acteur, qui est toutefois revenu pour une adaptation télévisuelle de Fenêtre sur cour où il a repris le rôle de James Stewart, évidemment, avant de faire quelques apparitions dans la série Smallville. Evidemment.
Anthony Perkins s’est lui aussi résigné à accepter cette triste fatalité. Interprète de Norman Bates dans Psychose, l’acteur s’est vu offrir durant les quelques années suivantes d’autres rôles consistants, comme celui de Philip Van Der Besh en 1961 dans Aimez-vous Brahms ?, qui lui vaut le prix d'interprétation masculine à Cannes. Mais après 1962, la carrière de l’acteur s'essouffle, celui-ci se retrouvant, comme beaucoup d’autres, prisonnier du rôle qui aurait pu être le fer de lance de sa carrière. Et comme "Cri-Cri d’amour", le grand méchant de Psychose finira par revenir à ce rôle qui ne l’a jamais quitté : après avoir joué dans Psychose 2 en 1983, il réalise sans enthousiasme le troisième volet en 1985, qui est un échec cuisant. Il finira par endosser le costume de Norman une dernière fois dans Psychose IV en 1990 qui sera édité, comble de la déchéance, en direct-to-video.
De la pilosité du Sir
Que l’on pose la question aux fans de la saga comme aux autres, s'agissant de savoir qui est le meilleur James Bond, la réponse est quasiment toujours la même : Sean Connery. Après avoir joué le héros emblématique durant plus d’une décennie, et en étant considéré en plus comme son meilleur interprète, Sir Connery avait tout pour rester prisonnier de l’agent 007. Aussi, pour se libérer de ses chaînes bondiennes, il a choisi une méthode imparable : une transformation physique qui a permis au public de le dissocier de James Bond. C’est ainsi qu’après son dernier rôle dans la série en 83, le Sir s'est laissé pousser la barbe qui ne l'a jamais quitté depuis. Une reconversion au poil.
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Fredho2 octobre 2014 Voir la discussion...
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jenanaipa2 octobre 2014 Voir la discussion...
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cath442 octobre 2014 Voir la discussion...
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Fujee2 octobre 2014 Voir la discussion...
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Fujee3 octobre 2014 Voir la discussion...