Sex, Nonnes & rock'n roll

Décès du cinéaste anglais Ken Russell

Actualité | Par Raphaël Clairefond | Le 28 novembre 2011 à 13h20

Ken Russell n'est plus. Le réalisateur anglais s'est éteint hier dans son sommeil à l'âge de 84 ans.

Cousin anglais de Fellini et Bunuel, obsédé par l'Eglise, la musique classique et le sexe, Russell était un véritable artisan de la provocation, toujours à mi-chemin entre avant-garde, grosses reconstitutions historiques et série B. Il est surtout connu pour avoir signé Tommy, la comédie musicale inspirée de l'opéra rock des Who. En voici un extrait :


It's a boy extrait de Tommy

Après avoir pas mal bossé pour la télé anglaise, il fait ses débuts sur grand écran avec Un Cerveau d'un milliard de dollars, un film d'espionnage très sixties starring Michael Caine et Françoise Dorléac s'il vous plaît. Il signe ensuite son autre film marquant, Love, une adaptation assez libre d'un roman de D. H. Lawrence (Lady Chatterley) et pour lequel il aurait pu avoir un Oscar. C'est finalement son actrice, Glenda Jackson, qui remporta la statuette dorée. Love restera également dans les mémoires comme étant le premier film grand public à avoir montré à l'écran des organes masculins... Cinéaste iconoclaste, il a joyeusement apporté sa modeste pierre à la « libération des moeurs » dans les années 70. Dans Les Diables, par exemple, il se heurte à la censure en Angleterre et aux Etats-Unis en filmant les ébats sexuels de nonnes terrorisées par des hommes masqués dans l'anarchie la plus complète. Attention, ce n'est pas pour les enfants :


L'Exorcisme extrait de Les Diables

Toujours dans les années 70, après avoir tourné plusieurs biopics sur des compositeurs pour la BBC (côtoyant un autre illustre trublion : Peter Watkins), il reste dans l'univers de la musique avec un film sur Tchaïkovski (Music Lovers), un autre sur Mahler et surtout Lisztomania, une évocation délirante de la vie débauchée de Franz Liszt, interprété par Roger Daltrey aux côtés de Ringo Starr dans le rôle... du pape ! Iconographie nazie et Hitler d'opérette en psychopathe armé d'une guitare-mitraillette tendent à faire passer Tommy pour un petit film d'auteur austère :


Concert meurtrier extrait de Lisztomania

Dans sa filmographie éclectique, on trouve également une biographie de Rudolph Valentino avec le danseur étoile russe Noureev, film dans lequel transparaît une certaine fascination pour l'homosexualité. En témoigne, cet étonnant ballet viril :


Ballet viril extrait de Valentino

Dans les années 80, il dérive vers l'horreur et le fantastique, mais toujours teintés de surréalisme, d'érotisme et de symboles religieux. Ce qui donnera, entre autre, Au-delà du réel, Gothic et Le Repaire du ver blanc.


Trip onirique extrait de Au-delà du réel

Les années 1990 et 2000 sont plus compliquées pour lui : il tourne moins et certains de ses projets n'aboutissent pas. Il se replie sur la télévision qu'il n'a jamais vraiment quittée (on retiendra une adaptation « rock » et fantaisiste de La Chute de la maison Usher, par exemple) et fait quelques apparitions en tant qu'acteur, notamment dans Mr. Nice. Il n'avait plus rien réalisé depuis The Girl with golden breasts, segment du film d'horreur à sketches Trapped Ashes sous la houlette de Joe Dante ; c'était en 2006.

D'après Tim Robey, qui lui rend hommage dans le Telegraph, « Il y avait de la malice, de l'insulte et de l'audace dans la vision de Russell, et une espièglerie qui le rendait unique ».

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Source : Libération

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