Sportif, journaliste, animateur : qu’est-ce qu’il fait dans ce film ?!
Un film avec Gérard Lanvin, c’est la routine. Un film avec Anne-Sophie Lapix dans l’un des rôles principaux, c’est une première. Et ça surprend. L’ex-intervieweuse politique de Canal Plus et animatrice de C à vous sur France 5 a profité de son jour de repos hebdomadaire le vendredi pour tourner dans Bon rétablissement !. Sous la direction de Jean Becker, elle joue le rôle de l’ex de Lanvin et lui rend visite dans sa chambre d’hôpital, comme tous les personnages du film. Et pour rester cohérent et joindre l’utile à l’agréable, c’est Gérard qui a reçu Anne-Sophie récemment dans C à vous, plutôt que le contraire, afin de faire la promo du film...
Mais avant elle, quelles furent ces personnalités françaises bien connues, sauf pour jouer la comédie, qui soudain sont apparues sur grand écran, à notre plus grande surprise ? Quelles sont ces célébrités bien de chez nous dont la présence dans une réalisation française - interprétant leur propre rôle ou un rôle de composition - s'avère tellement incongrue qu'elle manque presque de nous sortir du film ? Pas besoin de remonter trop loin dans le temps pour les trouver, ces dernières années ont été particulièrement riches...
Lionel Jospin dans Le nom des gens
C’est l’apparition inattendue la plus commentée ces dernières années. Lionel Jospin, Premier Ministre de 1997 à 2002, candidat sorti au 1er tour de la présidentielle de 2002, retiré définitivement de la vie politique et médiatique, revient sur la Croisette en 2010, au bras de Sara Forestier, pour présenter Le nom des gens. Dans ce film de Michel Leclerc, il interprète son propre rôle et fait une entrée théâtrale sur le mode "devine qui vient dîner", en invité surprise à l’anniversaire d'Arthur (Jacques Gamblin). Toute sa scène a été tournée dans la maison de Michel Leclerc, à Montreuil, en trois prises. Elle consiste en un échange très amusant avec un Gamblin admiratif, au cours duquel Lionel Jospin explique que Bahia (Sara Forestier) n’a pas eu recours à ses méthodes habituelles pour le convaincre de venir (elle a l’habitude de coucher avec les gens de droite pour les convertir à la gauche, et comme il est déjà de gauche...), et que s’il croise un Jospin, il est forcément de sa famille. Sa réplique finale, elle, est de son cru : "Elle m’a dit : "mon ami est jospiniste". Un jospiniste aujourd’hui, c’est aussi rare qu’un canard mandarin sur l’Ile de Ré". "Quel homme merveilleux" conclura Arthur. "Le pays a fait une terrible erreur en l’évinçant".
Michel Drucker dans Avis de Mistral
Si sa scène se déroulait de nuit, on aurait pu croire qu’il avait vu de la lumière et ne faisait que passer. Car c’est littéralement ce que fait Michel Drucker dans le film de Rose Bosch. Paul (Jean Reno), ancien motard rebelle devenu papy provençal, fait du vélo avec son petit-fils. Comme le jeune n’avance pas, il fait une pause dans un col, et qui s’arrête à sa hauteur ? Michel Drucker, roi du vélo, de l’hélicoptère, des chiens et des canapés rouges ! Perspicace, il constate : « Salut Paul ! Alors, tu t’y es remis ? On fait une sortie quand tu veux ». Il est comme ça Michel, un homme de défi. Et d’amitié. Au moment de la sortie d’Avis de Mistral en France, c’est en toute décontraction qu’il reçoit Jean Reno dans Vivement Dimanche. C’est pas du copinage, c’est la famille.
Dave dans La cité de la peur
Parabole poignante sur l’incapacité du cinéma indépendant à sortir de sa confidentialité, La cité de la peur est aussi une comédie. Karamazov (Alain Chabat), garde du corps émérite, doit retrouver sa cliente dans l’aéroport de Nice (« aréoport de Nice, deux minutes d’arrêt, deux ! »). Il s’agit d’Odile Deray (Chantal Lauby), l’attachée de presse de Red is Dead, film d’horreur qui tue (pour de vrai). Odile Deray, pas Dave. Aussi quand le chanteur batave se retourne, hélé par Karamazov qui lui demande "Odile Deray ?", il répond simplement "non". Il est dans la sobriété, loin de la méthode Actors Studio, et pourtant il est Dave. Avec un mot, il nous fait croire à son personnage. Si la surprise est largement éventée aujourd’hui, à l’époque, Dave n’avait pas encore présenté l’Eurovision, ni fait la pub pour l’Edam dans laquelle il disait ne pas aimer les dames, et il commençait à peine à sortir du désert que furent pour lui les années 1980.
Christophe dans Quand j’étais chanteur
Gérard Depardieu alias Alain Moreau est chanteur de musette et fan de Christophe (et de Mike Brant aussi, mais c’était plus dur de l’avoir en caméo dans le film). Chez lui, Alain a un mur entièrement peint à l’effigie de son idole, assise devant un piano blanc, sur un fond de nuages bleus ; on voit Alain acheter les CD des derniers albums de Christophe, etc. Quand notre héros décroche enfin le Saint Graal – faire la première partie du concert de Christophe au Zénith – et qu’il se débine, on se dit qu’on ne verra jamais l’idole. Sauf qu’un plan apparaît soudain à dix minutes de la fin, effleurant le reflet de Christophe dans le miroir de sa loge. Après ça, Gégé et Cécile de France pleurent à grosses larmes dans un café, en écoutant Les paradis perdus de Christophe – l’une des très rares chansons non interprétées par Depardieu sur la BO du film. Christophe s’est fait moins rare ces dernières années, jouant dans des courts et un long, Fils de, réalisé par HPG, mais en 2006, le voir sur grand écran, sans prévenir, c’était comme entrevoir le loup blanc.
Mouloud Achour dans Le choc des Titans
Il a beau avoir été DJ au début de Sheitan et bien nerd dans Cyprien, ça fait bizarre de le voir avec une hache, affronter des créatures mythologiques aux côtés de Sam "Avatar" Worthington, dans un blockbuster. L’ex-chroniqueur du Grand Journal est pote avec Louis Leterrier, réalisateur du film. A la cool, ce dernier lui propose le rôle de Kucuk, un bon gars prêt à se battre contre un scorpion géant. Un rêve de gosse pour Mouloud ? Non, le vrai rêve de gosse, il le réalise quand, à la veille de la sortie du film en France, il découvre sur le plateau du Grand Journal les images du jeu vidéo tiré de la superproduction. Des larmes de joie dans les yeux, il se voit, modélisé, devenu un personnage ludique, aussitôt envié par des centaines de millions de nerds.
Frank Leboeuf dans Une merveilleuse histoire du temps
Il serait facile de s’en prendre à Frank Leboeuf et à sa carrière naissante d’acteur. Sauf que le champion du monde 1998, sur le terrain lors de la finale, n’a pas choisi la facilité. Pas d’Onteniente pour lui, ni de rôle d'idiot du village façon Moscato, mais des cours au Lee Strasberg Institute de Los Angeles, du Istvan Szabo (il joue un infirmier dans Taking Sides – Le cas Furtwangler), du théâtre (Ma belle-mère et moi, puis Ma belle-mère, mon ex et moi) et très bientôt, du Stephen Hawking. Enfin, pas exactement du Stephen Hawking, mais un biopic consacré à l’astrophysicien, Une merveilleuse histoire du temps. La bande-annonce promet de belles choses, mais il faut le reconnaître, quand apparaît Franck Leboeuf en chirurgien français, difficile de crier autre chose que "Hé c’est Franck Leboeuf qui opère Stephen Hawking, pas étonnant que ça échoue !". Pauvres de nous.
Bixente Lizarazu dans Le capital
Pour bien préparer ses épousailles monégasques et sa désopilante campagne de pubs LCL, Gad Elmaleh accepte le rôle d’un requin de la finance, devenu PDG d’un grand groupe grâce au cancer des testicules de son patron. Entre deux images mentales où il se prend pour Patrick Bateman et quelques scènes où, le regard fixe, il prend un air sérieux, son personnage participe à une soirée organisée dans la Pyramide du Louvres, afin de promouvoir le luxe. Là, en haut de l'escalier, alors qu’il n’a d’yeux que pour un mannequin, il est interpellé par un convive : Bixente Lizarazu. Dans le rôle d’un anonyme suppose-t-on, car à moins que le champion du monde 1998 ne fasse ici son coming out en matière de capitalisme sauvage, on voit mal comment il pourrait adhérer à ce qu'il dit au type qui licencie 10 000 employés dans le monde : "Votre projet est formidable. On se retrouve au dîner ?".
Emmanuelle Béart dans Disco
Fabien Onteniente fait ses castings en feuilletant Le Parisien. Parmi ses interprètes fétiches, on trouve donc Pierre Ménès, actuellement intervenant au Canal Football Club, l’acteur et réalisateur Xavier Beauvois, l’énorme Gérard Depardieu, et Roland Courbis, entraîneur de l’équipe de foot de Montpellier (et prétexte à une énorme vanne de Lucien Jean-Baptiste dans Turf : « Oh M. Courbis ! Je me courbe !). A ces habitués s’ajoutent des super guests comme le producteur et juré de télé-crochet Valéry Zeitoun, à l’origine de l’autre énorme vanne – il y en a deux – de Turf (« Je suis dans la farine ! » revendique-t-il, afin de signifier avec humour qu’il trafique de la drogue. « Ah, c’est vous Francine ! » lui répond l’un des héros). Mais la crème de la crème, le casting à côté duquel une couverture de Télé 7 Jours ressemble à un vulgaire sommaire de Télé Z, c’est celui de Disco. La chanteuse Annie Cordy (« je vais te mettre un suppo, ça va te faire passer la fièvre du samedi soir »), le ménestrel Francis Lalanne, l’animatrice giscardienne Danièle Gilbert, l’ancien champion de K1 Jérôme Le Banner, un goëland avec un turban, et l’auteur de one man show qui a récemment déclaré à Télé Grandes Chaines qu’il « en avait assez de passer à côté de sa vie », Julien Courbet : même Patrick Sébastien et ses Années bonheur doivent s’incliner. Dans ce monde à l'envers, c’est bien la présence d’une actrice de métier qui fait figure d’aberration.
Cadeau Bonus
Vous connaissez le titre de ce film pour lequel la défunte Amy Winehouse n'a pas demandé à faire un caméo ? Soyez la première ou le premier à l'écrire dans les commentaires de cet article et gagnez toute notre considération.
--> Cyril Hanouna : La Vérité si je Mens 3
--> Jacky (Club Dorothée) : Subway
--> Patrick Sébastien : Quatre garçons pleins d'avenir
Enfin bon, la liste est longue...
Et j'adore la leçon de vie et d'abnégation délivrée par Lance Armstrong dans "Dodgeball" ! :D