familles, je vous hais

Le jeu des sept familles du cinéma français

Dossier | Par Raphaël Clairefond, Hugues Derolez | Le 7 octobre 2011 à 16h45

On le sait, le cinéma français n'aime rien tant que représenter des réunions de famille qui tournent au pugilat, des vacances où les parents pètent les plombs, des fils qui disent merde à leur père... Bref, il reste toujours dans les placards un peu de linge sale à laver en public et il se trouve que Le Skylab de Julie Delpy, en salles depuis mercredi, en est la dernière (et assez dispensable) illustration.


Règlement de compte extrait de Un Air de famille

Vous savez comme les journalistes aiment parler à tort et à travers de « la grande famille du cinéma français ». Intrigués, nous avons donc décidé d'aller vérifier par nous-mêmes et nous n'en avons pas trouvé une, mais sept ! Passage en revue.

LES GONZAGUE SAINT BRIE

Historiquement constituée de pseudo-intellectuels et de divas médiatiques, scribouillards amateurs et mondaines professionnelles de la rive Gauche, cette famille croit qu'il suffit d'avoir choisi le Café de Flore comme cantine pour s'improviser Cocteau. Ils sont très cultivés et pensent que c'est largement suffisant pour produire des chefs d'oeuvre immortels. Raté, elle a surtout engendré de mémorables nanars dont la bêtise n'a d'égale que la prétention.

Leurs chefs d'oeuvre : Cinéman et La Possibilité d'une île

LES DUSSE

Ils ont fait leurs armes au café-théâtre et à la télé. Depuis ils font la pluie et le beau temps de la comédie populaire bien franchouillarde. Ils aiment les vacances au Club Med ou le camping en été, l'apéro Ricard et les discussions politiques pour accompagner le café-calva... La mythologie du français moyen n'a plus de secret pour eux.

Leur chef d'oeuvre : Les Bronzés

LES SAINT-MARTIN

Tirant leur nom du célèbre canal, il se trouve que Les Cahiers du Cinéma les adorent. Ils ont ciré les bancs des meilleurs écoles et facs parisiennes, ils connaissent leur Truffaut et leur Bergman sur le bout des ongles et quand ils se disputent avec leur copine, ils citent Kant et Dostoïevski. Ils sont la fine fleur des intellos gauche caviar. En fin de repas, ils se demandent les uns les autres s'ils ont des nouvelles de leur oncle, Jean-Luc, qui coule des jours paisibles au bord d'un lac en Suisse. De temps en temps il leur envoie une lettre ou un fax.

Leur chef d'oeuvre : Comment je me suis disputé... ma vie sexuelle


Présentation de la famille extrait de Un conte de Noël

LES McCAIN

Ils ont un parrain tout puissant, c'est leur Vito Corleone à eux, il s'appelle Luc Besson. Dans la famille, les mecs prennent le 9-3 pour le Bronx, et les nanas se tiennent la jupe sur les bouches de métro comme Marylin... Ils sont tombés dans la marmite du cinéma américain quand ils étaient petits et depuis ils n'ont qu'un seul rêve : faire des films d'action à Hollywood ou, à défaut, faire des films américains en France, même si c'est moins cool. Seuls les cousins Quentin Dupieux et Jacques Audiard ont réussi à s'affranchir de la culture familiale pour créer de leur côté de belles choses très personnelles avec leur mythe de l'Amérique.

Le chef d'oeuvre : Babylon A.D.

LES POUJADE

Voilà une famille qui vit dans la nostalgie d'un pays merveilleux qui n'a jamais existé. Dans la maison de la grand-mère, ça grouille de Petits Nicolas et autres Gibus parce que la contraception n'existe pas, à une époque où la France n'a pas encore fait son exode rural et où la boulangerie du coin vend de bonnes baguettes craquantes à de petits vieux en béret. Bienvenue dans la France des petits pots La Laitière.

Leur chef d'oeuvre : Les Choristes

LES SADE

Que des caractères de merde. Libération sexuelle, contestation des moeurs et du bon goût... tout un programme. Ça donne pas mal d'humour noir, de gros mots et de sexe par tous les trous, sans compter les éclats de violence quand ils finissent inévitablement par se crêper le chignon. C'est la famille qui a cessé de se réunir parce qu'ils disent merde à tout le monde : donc plus personne ne se parle. Chacun fait ses trucs dans son coin en espérant encore choquer un peu le bourgeois sénile.

Leur chef d'oeuvre : Les Valseuses

LES DUPONT

Leur plus belle victoire : leur sourire éclatant. Dans cette famille, chaque membre est à l'écoute ; on se téléphone tous les soirs, on fait des blagues intelligentes et on brunche ensemble le dimanche. Et pour faire face à l'adversité, on se fait des câlins. C'est une famille soudée, qui aime les rencontres et le métissage, une famille qui ne fait que s'élargir de jour en jour. Rendez-vous à la maison de campagne d'Aurillac, comme chaque été, pour se remémorer de vieux souvenirs tout en sirotant un verre de chianti. Toujours avec modération.

Leur chef d'oeuvre : Les Petits mouchoirs


scene finale extrait de Les Petits mouchoirs

Sans oublier... le père fondateur ! : Gérard Depardieu, l'oncle indigne et génial qui a couché avec toutes les petites cousines et qui refait toujours surface au moment des mariages pour se bourrer la gueule.

Il va de soi que nous n'avons certainement pas rencontré toutes les familles du cinéma français. Si vous en connaissez d'autres n'hésitez pas à nous les présenter !

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14 commentaires
  • RaphaelClair
    commentaire modéré Ah, faut donner les noms des membres, sinon c'est pas rigolo.
    7 octobre 2011 Voir la discussion...
  • Mari
    commentaire modéré tu m'en demandes trop déjà qu'il ne me reste plus que 5 petites min pour choisir ma nouvelle famille d'adoption !! (j'suis entre les poujade et les dupont)
    7 octobre 2011 Voir la discussion...
  • RaphaelClair
    commentaire modéré Les Poujade et les Dupont ? Dis-donc, la DASS est pas très cool avec toi...
    7 octobre 2011 Voir la discussion...
  • paulined
    commentaire modéré on peut compléter les familles?? Klapisch en beau-père compréhensif dans les Dupont, et une branche cousines excentriques un peu toquées chez les Saint-Martin avec Binoche, Lvovsky et Bruni Tedeschi, car je la trouve un peu trop clean
    7 octobre 2011 Voir la discussion...
  • Maxim
    commentaire modéré Huppert en tante bourgeoise excentrique.
    Personne ne sait si elle est Sade, Saint Martin ou Gonzague Saint Brie, depuis le temps qu'elle les méprise tous.
    8 octobre 2011 Voir la discussion...
  • RuaLten
    commentaire modéré Ahlala, cette grande famille du cinéma français... elle a engendré tellement d'orphelins amoureux du 7ème art qu'ils ont cherché à se faire adopter dans d'autres pays.
    10 octobre 2011 Voir la discussion...
  • DickAutoMe
    commentaire modéré Pagnol en Poujadiste me semble un grave contresens (ainsi que pour Line Renaud voir J'ai pas sommeil de Claire Denis) mais sinon c'est super bien vu et ça m'a fait vraiment marré.
    17 octobre 2011 Voir la discussion...
  • RaphaelClair
    commentaire modéré Merci, @DickAutoMe ! C'est vrai que c'est pas très sympa pour Pagnol, mais idem avec Melville. Ca n'a pas toujours été facile de bâtir ces familles pour que ça tienne la route. On peut imaginer que les membres actuels de la famille Poujade sont des genres de fins de race dégénérés ou pervertis, non ?
    17 octobre 2011 Voir la discussion...
  • DickAutoMe
    commentaire modéré @RaphaelClair Oui... des cul de vallées.
    17 octobre 2011 Voir la discussion...
  • bonnemort
    commentaire modéré @DickAutoMe tu n'as pas tort effectivement, nous aurions peut être dû plutôt parler de Daniel Auteuil.
    Merci en tout cas.
    18 octobre 2011 Voir la discussion...
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